quarta-feira, 30 de novembro de 2011

RAPPORT DU COMITE D’ADMISSION A L’ONU : LA PALESTINE OCCUPE-T-ELLE ISRAËL ?

28 novembre 2011, Association France Palestine Solidarité (AFPS) http://www.france-palestine.org (France)

Jean-Claude Lefort, Président de l’AFPS

Il est particulièrement intéressant de lire le « Rapport du Comité d’admission des nouveaux membres sur l’admission de la Palestine à l’Organisation des Nations Unies » rendu public le 11 novembre dernier.

Si ce texte de trois pages et demie mentionne les différentes positions qui se sont exprimées en son sein, il ne cite aucun Etat en particulier. Mais à sa lecture, on reconnaît facilement qui a dit quoi et qui pense quoi. Ne retenons ici que deux points.

Au point 7, il est question de savoir si la reconnaissance de la Palestine à l’ONU est contradictoire avec les négociations – thèse soutenues par plusieurs pays, dont la France. Un argument très important, nodal, est mis en évidence en contrepoint. Il a été en effet déclaré que : « La reconnaissance de la Palestine ne pouvait et ne devait pas être subordonnée à l’issue des négociations entre Palestiniens et Israéliens ; dans le cas contraire, cette reconnaissance dépendrait de l’approbation d’Israël, ce qui reviendrait à accorder à la Puissance occupante un droit de veto sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, un droit que l’Assemblée générale avait déclaré inaliénable en 1974. »

C’est là en effet le cœur du problème. Pourquoi faudrait-il donc vouloir attendre – toujours attendre – que des négociations aboutissent pour que le droit soit respecté par tous les membres du Conseil de sécurité ? Cela laisse du temps à Israël pour pratiquer la politique du fait accompli qu’on admet dans certaines capitales.

Il est toujours choquant, par exemple, de lire que tel pays se déclare pour deux Etats sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine et de voir ajouter aussitôt ce membre de phrase : « sous réserve d’échanges de territoires mutuellement agréés. » Mais de quoi se mêle-t-on ? Cette question c’est d’abord et avant tout l’affaire des Palestiniens, sauf à accepter que le droit soit bafoué et les Palestiniens soient dépossédés de leur souveraineté sur l’ensemble du territoire qui leur est dévolu. Tout cela aboutit au refus de voter pour l’admission de la Palestine à l’ONU car le droit est nié en son fondement et les Palestiniens sont méprisés. A croire que c’est la Palestine qui occupe Israël et qu’elle devrait en être punit.

A l’inverse, si l’Etat palestinien est admis à l’ONU sur la base du droit, on sait, nous en avons parfaitement conscience, que cela ne changera strictement rien sur le terrain. Par contre on placerait ainsi enfin la communauté internationale au centre de ces négociations, mettant ainsi un terme à l’hypocrisie et à l’impasse totales des discussions bipartites, sous tutelle américaine de surcroît. Et on placerait aussi d’emblée ces négociations sur ses vraies bases : le droit hors lequel il ne peut y avoir de paix et de justice.

Israël ne veut pas de cette perspective qui met à mal son rêve fou et dangereux qui l’habite encore, le « Grand Israël ». Il ne veut pas la paix à ces conditions mais uniquement aux siennes, ce qui est impossible. On ne peut manquer de constater – et chacun devrait en tirer des conclusions – qu’une hostilité incroyablement marquée et sanctionnée se manifeste pour empêcher cette admission de la Palestine à l’ONU. Tout Etat responsable comme tout militant de la paix attaché aux droits des Palestiniens devraient prendre en compte ces faits politiques qui sont loin d’être seconds.

La position française à l’ONU fait obstacle à la paix car elle est contraire au droit. Elle fait du même coup obstacle à l’idée de négociations sur des bases nécessairement nouvelles.

La seconde chose que l’on peut noter, au point 18 de ce rapport, concerne la volonté pacifique de l’Etat qui fait une demande d’admission à l’ONU. Le Comité d’admission souligne que la volonté palestinienne est claire de ce point de vue et que cela est indiscutable. D’autres affirment, pour s’opposer, que « le Hamas n’a pas accepté ces obligations. » Là encore, et ce n’est pas prendre parti pour les actions du Hamas, c’est à tomber à la renverse devant tant d’insolence et de mépris des réalités. Encore une fois : est-ce la Palestine - ou bien le Hamas - qui occupe Israël ? Est-ce bien parce qu’il y a occupation et colonisation israéliennes qu’il y a réaction ? La réponse à cette question est limpide pour quiconque est honnête.

Autrement dit, en prenant en compte que ces deux points, on voit que ceux qui refusent l’admission de la Palestine à l’ONU ne sont, ni plus ni moins, que les tenants d’une thèse qui n’est pas seulement absurde, mais aussi suicidaire. C’est un non sens que de vouloir espérer faire supporter sur le dos des Palestiniens des responsabilités qui incombent uniquement à l’occupant. Tout peuple a sa dignité.
Grave, encore une fois, est la position française qui se refuse à cet acte de droit et de paix et qui se réfugie dans une proposition qui révèle un singulier manque de courage politique : la Palestine comme Etat non-membre et sans droit de saisine de la Cour pénale internationale.

Mais ce n’est pas fini. Il y a un gouffre entre la volontés des autorités françaises et celle de l’opinion publique qui plébiscite littéralement l’admission de la Palestine à l’ONU dans les frontières de 1967. Il s’agit de faire pression sur notre gouvernement afin que la France joue un rôle dans cette région du monde. Car nous avons aussi une haute idée de la France.

Nenhum comentário: