segunda-feira, 13 de fevereiro de 2012

EMPECHER UN POLITICIDE AU PROCHE-ORIENT

13 février 2012, Association France Palestine Solidarité http://www.france-palestine.org (France)

Henry Siegman*
Huffington Post, lundi 13 février 2012

Le pro¬cessus de paix bilatéral que les Etats-Unis ont cherché obstinément à isoler de toute interférence extérieure n’est pas seulement un exercice vide mais a donné à Israël une cou¬verture pour son pro¬gramme de colonisation.

Depuis le commencement, le but de ce projet a été de miner l’idée d’indépendance nationale palestinienne, un but auquel s’est associé Israël. En forçant les Palestiniens à retourner encore et encore à cet exercice vide, et en continuant à bloquer les tentatives menées par d’autres intervenants, y compris l’ONU et des diverses agences internationales, les Etats-Unis ont en fait col-laboré avec la politique d’annihilation de toute entité politique palestinienne de Netanyahu – la mise à mort de l’existence politique nationale des Palestiniens. Le seul espoir restant pour l’aboutissement de la solution à deux états au conflit israélo-palestinien dépend entièrement de la capacité de la communauté internationale à balayer la prétention américaine au monopole sur l’instauration de la paix au Moyen Orient – une prétention qui a perdu toute crédibilité avec la capitulation honteuse du président Obama face à Netanyahu lors de son dis¬cours devant l’Assemblée générale des US – et à inter¬venir vigoureusement afin de chercher à changer la trajec-toire désastreuse du processus de paix.

La récente condamnation publique du vice- premier ministre du Royaume Uni Nick Clegg de la colonisation israélienne qualifiée par lui de vandalisme, n’était que la dernière dans le concert grandissant des atteintes à la crédibilité de Netanyahu, aux agissements de prédateur d’Israël en Cisjordanie et au rôle hégémonique de l’Amérique dans l’établissement de la paix au Moyen orient. En février dernier quand Netanyahu a appelé Angela Merkel pour faire part de sa déception au sujet du soutien allemand d’une résolution de l’ONU condamnant la construction qui continue dans les colonies, elle a répondu avec colère : «C’est vous qui nous décevez. Vous n’avez pas fait un seul geste pour faire avancer la paix.» Et elle a mis un point d’honneur à ce qu’il y ait des fuites suite à cet entretien privé.

Plus récemment (12 janvier) le journal the Independent, du Royaume-Uni, rapporte que l’ UE a exprimé sa critique la plus vive à ce jour concernant les démolitions de maisons et d’exploitations agricoles, un régime interdisant tout projet foncier, une expansion sans fin des colonies, la barrière de séparation militaire, les obstacles à la liberté de mouvements, le refus de l’accès aux ressources naturelles vitales, y compris la terre et l’eau, qui rogne une grande partie de l’étendue des terres de Cjsjordanie sur laquelle repose l’espoir d’une contiguïté territoriale pour un Etat palestinien viable. D’après le rapport Israël est en train de déposséder les Palestiniens de 70% de la Cisjordanie.

La contestation internationale croissante est le signe d’un refus bienvenu , quoique tardif, de la part des principaux pays d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie de s’aligner davantage sur les US sur cette question, et du fait qu’ils sont prêts à dire ce qu’ils savaient depuis longtemps mais hésitaient à formuler, à savoir que l’engagement annoncé par Netanyahu dans la création d’ un état palestinien est un mensonge.
Si ces interventions doivent avoir une chance de succès, leur premier but doit être de mettre fin à l’érosion du consensus international actuel, concernant des paramètres qui doivent constituer le cadre de négociations aboutissant à un accord sur le statut permanent. Un tel effort doit se focaliser tout d’abord sur l’exigence que les négociations sur le territoire et les frontières commencent sur la ligne de juin 67, car la remise en cause de cette ligne est essentielle dans l’optique du politicide perpétré par Israël. Les US peuvent bien mettre leur veto à une résolution du Conseil de Sécurité qui cherche à formaliser ces paramètres. Mais leur ambassa¬drice aurait non seulement à reconnaître un soutien pérenne de l’Amérique pour un tel cadre, très récemment reconfirmé par le discours du Président Obama du 19 mai, mais aussi à insister sur l’engagement continu de l’Amérique dans cette voie. Elle répon¬drait sans aucun doute que les US s’opposent à la réso-lution non en vertu de son contenu mais pour des raisons de « procédure».

L’importance de tels rappels interna¬tionaux de ces para¬mètres et l’insistance à redire que des changements unilatéraux sur la ligne verte d’avant 67 ne seraient pas reconnus par la communauté internationale, n’est pas exagérée. Car l’élimination de la ligne verte de 67 est cruciale pour la campagne menée par Netanyahu et son gouvernement pour gagner le soutien d’au moins quelques pays qui s’aligneraient sur la position scandaleuse du gouvernement israélien selon laquelle les territoires occupés sont des territoires contestés, un prétexte invoqué pour justifier le vandalisme perpétré par Israël en Cisjordanie.

C’est pourquoi Netanyahu est devenu quasiment hystérique quand il a appris qu’Obama devait confirmer dans son discours du 19 mai le soutien américain pour la ligne verte de 67 comme base pour une reprise des négociations.. C’est aussi pourquoi Netanyahu s’est toujours dérobé aux pressions internationales qui l’enjoignaient à déclarer où il plaçait la nouvelle frontière. S’il s’apprêtait à le faire, il provoquerait immanquablement une condamnation même de la part de pays qui jusqu’à maintenant ont prétendu croire dans son soutien, par lui déclaré, d’une solution à deux états. D’ici la prochaine élection présidentielle aux US, période durant laquelle les US vont vraisemblablement user de leur veto contre tous les efforts répétés par les palestiniens pour obtenir leur statut de membre de l’ONU, et vont s’opposer à toute intervention internationale dans le pro¬cessus de paix, de telles interventions devraient avoir deux directions :

D’abord, comme il est dit, obtenir du Conseil de Sécurité une résolution qui fixe des para-mètres clairs pour des négociations sur un statut per¬manent. Une esquisse de ces paramètres a été présentée précé¬demment en Février dernier à l’ONU par les Trois Européens (Royaume uni, France et Alle¬magne), tous membres du Conseil de Sécurité, quand ils ont demandé aux parties de reprendre des négocia¬tions directes «sur la base de para¬mètres clairs».

• Un accord sur les frontières des deux états, basées sur les lignes de 1967 avec un échange équi¬valent de terre sur lequel les parties s’ entendent :

• Des ententes sur la sécurité, qui, pour les Palesti¬niens, respectent leur souveraineté et montrent que l’occupation est terminée ; et, pour les Israéliens, protègent leur sécurité, et empêchent la résurgence du terrorisme et prend en considération de manière effective les menaces émergentes.

• Une solution juste, honnête, approuvée par les deux parties, au problème des réfugiés

• La réalisation des aspirations des deux parties concernant Jérusalem. On doit trouver un moyen de résoudre par des négociations le statut de Jerusalem comme future capitale des deux états.

La deuxième chose c’est d’obtenir une reconnaissance onu¬sienne non ambigüe du droit des palestiniens à une auto détermination nationale. Ce droit est considéré en droit international comme norme impérative, ce qui veut dire qu’elle prime sur les accords préalable sur la résolution de conflits, les traités et les accords bilatéraux.. Si ce principe est remis en cause par Israël ou les US, c’est une affaire que les Européens et autres pays devraient porter, de concert avec les palestiniens, devant la Cour international de Justice.

Ayant été jugée «pertinente pour l’établissement d’un état dans un futur proche«, l’auto-détermination nationale palestinienne n’est pas soumise à l’approbation d’Israël ou à des accords de paix conclus entre les deux parties. En fait non seulement l’auto-détermination palestinienne n’entre pas en conflit avec les négociations bilatérales des questions du statut permanent demandées par l’accord d’Oslo, mais elle améliore même leurs chances de succès. Les exigences légitimes d’un état souverain qui a recours aux institutions internationales et à la Cour de justice internationale sont prises plus au sérieux que les plaintes d’un peuple assujetti et privé de tous ses droits par l’occupant. La reconnaissance du droit impératif des Palestiniens à l’auto-détermination conduirait à la recon¬nais¬sance de l’état pales¬tinien par presque tous le pays qui l’ont approuvée jusque là. Dans ce contexte, le mépris continuel d’Israël vis à vis du rejet par le monde entier de ses visées territoriales en Cisjordanie , pourrait bien déclencher une cam¬pagne d’isolement et de délégitimation à laquelle aucun gouvernement israélien n’est probablement capable de survivre.

Cette situation peut aussi inciter le Conseil de Sécurité à invoquer le «règlement par défaut» des résolutions onusiennes 242 et 338, qui n’autorisent aucunement une rétention permanente par Israël des territoires occupés, non plus que la dépossession et la privation de leurs droits civiques des palestiniens, car les résolutions 242 et 338 interdisent explicitement l’acquisition de territoires suite à une guerre, quel que soit le camp qui l’a déclenchée. En fait, le règlement par défaut est un retour de la résolution du conflit au Conseil de Sécurité. La prochaine administration des US ne rejoindra probablement pas une telle initiative, mais les gouvernements israéliens ne peuvent pas compter sur un veto américain pour poursuivre leur programme de colonisation. Le prix à payer pour les US s’ils recourent à un tel veto – par rapport à leur image internationale et leurs intérêts dans les pays du printemps arabe, peut se révéler beaucoup trop élevé. Tout ça pour dire que tout effort pour reconfigurer les stratégies de paix sans d’abord se baser impérativement sur le droit des palestiniens à un état, est condamné à l’échec. La déclaration d’Obama dans son discours aux Nations unies selon laquelle les Palestiniens peuvent obtenir leur état à la suite d’un accord de paix avec Israël conclu lors de négociations bilatérales, a en fait donné à Netanyahu et Avigdor Lieberman le droit exclusif d’accorder ou de refuser aux palestiniens leur indépendance. Etant donné la détermination d’Israël à faire aboutir son pro¬gramme de colonisation, aucune diplomatie, sans perspective d’intervention internationale et onusienne ne peut mettre un terme au but quasi-atteint d’Israël , de n’accorder aux Palestiniens rien d’autre que des Bantoustans.

Le nouveau franc-parler sur cette question des pays clés européens, de la Turquie, du Brésil et d’autres pays qui font partie du groupe des BRICS, aussi bien que d’autres pays d’Asie, donne une chance de passer de l’orientation sans espoir d’une diplomatie au Moyen Orient contrôlée par les Etats-Unis, à une autre plus prometteuse – à condition toutefois que ces Etats et ces groupes régionaux fassent suivre leur courageuse nouvelle rhétorique de cou¬rageux passages à l’acte.

*Henry Siegman est le président du U.S/Middle East Project.



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