quarta-feira, 22 de fevereiro de 2012
Colonisation israélienne à Jérusalem-Est : les consuls généraux des 27 pays de l’UE dans la ville occupée appellent à l’action
21 février 2012 Association France Palestine Solidarité http://www.france-palestine.org (France)
Olivia Elias
Groupe de travail BDS de l’AFPS
Comme chaque année, les consuls généraux des 27 pays de l’UE à Jérusalem ont publié un rapport sur la situation dans la ville occupée. Face « à la détérioration sur le terrain », ils affirment qu’il est « de plus en plus urgent d’intervenir » pour « préserver le tissu social politique, culturel et économique palestinien à Jérusalem-Est ». Dans la perspective « de maintenir la possibilité de la solution de deux Etats, confor¬mément aux nombreuses résolutions de l’UE », ils recommandent à celle-ci et aux Etats membres l’application de 26 mesures. Celles-ci sont énumérées dans l’Annexe 2 du rapport sous le titre « Renforcer la politique de l’UE à l’égard de Jérusalem-Est » [1]
Les consuls ne se sont pas contentés d’avancer de vagues préconisations à caractère général – même s’il y en a. Dans la partie A, ils ont formulé 6 recommandations concrètes qui concernent le volet « Désinvestissement » du programme BDS de l’AFPS ainsi que le volet « Boycott des produits des colonies ».
Recommandations concernant les produits des colonies : R 9 et 10 de la partie A
Recommandation concernant des services (le tou¬risme fait partie des services) : R 8
Désinvestissement : R 6, 7 et 11.
On remarquera que les consuls veulent « S’assurer que les produits fabriqués dans les colonies de Jérusalem-Est ne bénéficient pas du traitement préférentiel accordé dans le cadre de l’accord commercial UE/Israël » (R 9) ; ce qui nous fait immédiatement penser à Sodastream, fabriqué à Mishor Adumim, colonie du « grand Jéru¬salem ». Certes, les diplomates euro¬péens ne parlent pas de boycott et encore moins de sus¬pension de l’accord d’association UE-Israël ou d’embargo sur les pro¬duits des colonies comme le réclame l’Afps. C’est clair. Mais ils ajoutent « Sensibiliser davantage le public quant à l’origine de ces pro¬duits, notamment en élaborant des directives au sujet de leur étiquetage à l’intention des acteurs euro¬péens majeurs du secteur de la distribution » (R 10).
En langage diplo¬ma¬tique, les consuls disent « Il faut sensibiliser les gens pour qu’ils connaissent bien l’origine des pro¬duits qu’ils achètent et qu’ils puissent décider, en connais¬sance de cause, s’ils veulent acheter un produit fabriqué dans une colonie ou non ». C’est quand même une façon de reconnaître qu’il y a un problème avec ces pro¬duits et que ceux/celles qui désirent dis¬poser d’informations fiables avant d’acheter ou non ont raison. Surtout si l’on garde à l’esprit le fait suivant : leurs recommandations ont été précédées d’un long rapport sur les avancées et les ravages de la colonisation à Jérusalem-Est et la tonalité générale du document ainsi que de l’annexe est la volonté politique de mettre fin à ce processus illégal d’annexion.
La prise de position des consuls généraux conforte la légitimité de nos actions. Comment pourrait-on interdire, à nous citoyens, de manifester devant les grandes surfaces et magasins Darty et les boutiques Sephora qui trompent sur l’origine des gazéi¬fi¬ca¬teurs Sodastream / SodaClub et des produits de beauté Ahava ? Et comment s’opposer à des manifestations devant les boutiques Orange alors que France Télécom-Orange a conclu un partenariat avec Partner, un opérateur israélien de téléphonie mobile impliqué dans la colonisation ? Faudrait-il poursuivre les consuls généraux ?
Cela dit, il est certain que toutes les mesures préconisées ne revêtent pas la même importance et que l’on peut critiquer certaines d’entre elles et même formuler de très sérieuses objections à d’autres. Par exemple, la référence à la Feuille de route, bel et bien périmée et dépassée, ou la collaboration avec le Quartet, instance notoirement inefficace et dont la partialité a été dénoncée par de hauts responsables palestiniens.
Il n’empêche! Il convient de saluer la prise de position des consuls généraux. Dans leur rapport 2011, ceux-ci affirment : « Il faut passer aux actes » en faisant un pas en avant par rapport à 2010. Ils invitent, en effet, la Com¬mission « à réfléchir à une proposition de législation euro-péenne visant à prévenir/décourager de telles transactions financières (celles qui encouragent la colonisation). » (R 7).
Nous devons donner à leur parole la réso¬nance qu’elle mérite et inviter les diplo¬mates qui se sont déjà prononcés en faveur de la défense des droits des Palestiniens à faire de même. Je pense aux ambassadeurs qui ont signé « La lettre ouverte à Alain Juppé » pour appuyer l’admission de l’Etat de Palestine à l’ONU ou aux anciens hauts dirigeants de l’UE qui ont lancé un appel dans le même sens. Et nous devons aussi inviter les politiques à appuyer ces diplo¬mates à Paris, à Bruxelles comme à Jéru¬salem, Ramallah et à l’ONU.
Voir le rapport complet en anglais
[1] Le rapport 2011 des Consuls généraux des 27 pays de l’UE à Jérusalem-Est
LES 26 MESURES PRECONISEES
(Annexe 2 du Rapport 2011)
A. Jérusalem Est future capitale de l’Etat palestinien
1. En conformité avec les objectifs du Plan stra¬té¬gique et multi sec¬toriel de développement de Jérusalem-Est, soutenir une approche coor¬donnée et une stratégie palestinienne cohérente.
2. Soutenir l’établissement d’une représentation de l’OLP à Jérusalem-Est.
3. Organiser des événements nationaux ou européens (comme les fêtes natio¬nales) à Jérusalem-Est.
4. Accueillir régulièrement des officiels palestiniens lorsque des représentants de haut niveau de l’UE rendent visites aux mis¬sions de l’UE dotées de bureaux ou de résidences à Jérusalem-Est.
5. Éviter la présence d’agents de sécurité et de protocole israéliens lorsque des personnalités euro-péennes de haut rang visitent Jérusalem-Est, y compris la vieille ville.
6. Empêcher/décourager les transactions finan¬cières qui renforcent l’activité de colonisation à Jérusalem-Est lorsque les don¬neurs d’ordre de telles opérations sont européens.
7. Inviter la Commission à réfléchir à une proposition de législation européenne visant à prévenir/décourager de telles transactions financières.
8. Elaborer des directives à caractère non obligatoire à l’intention des tour opérateurs européens afin que les voyages qu’ils organisent/commercialisent ne soutiennent pas l’activité de coloni-sation à Jérusalem-Est.
9 S’assurer que les produits fabriqués dans les colonies de Jérusalem-Est ne bénéficient pas du traitement préférentiel accordé dans le cadre de l’accord d’association UE/Israël.
10 Sensibiliser davantage le public quant à l’origine de ces produits, notamment en élaborant des directives au sujet de leur étiquetage à l’intention des acteurs euro¬péens majeurs du secteur de la distribution.
11 Informer les citoyens européens des risques liés à l’acquisition d’une propriété dans Jérusalem-Est occupée.
B Réactiver les institutions palestiniennes à Jérusalem-Est
1 Insister sur la réactivation – réclamée dans la Feuille de route – des institutions palestiniennes lors des réunions de haut niveau organisées avec les représentants israéliens ou des discussions au sein de l’UE et du Quartet et dans les communiqués/déclarations de ces derniers.
2. En attendant, accueillir des évènements orga¬nisés par la société civile palestinienne de Jéru-salem dans les centres culturels, les consulats et les rési¬dences de diplomates.
3 Exa¬miner les moyens d’associer les institutions palestiniennes à la promotion des intérêts communs de l’UE et de l’OLP.
C. Les droits économiques et sociaux de la population palestinienne
1 Aider les Palestiniens afin qu’ils soient associés à l’élaboration des plans stratégiques urbains concernant Jérusalem-Est de manière à ce que leurs besoins de logement soient pris en compte.
2 Dans le cadre des réunions de haut niveau, souligner les préoccupations sérieuses de l’UE concernant l’insuffisance des services d’urgence de manière à ce que tous les résidents de Jérusalem-Est puissent en bénéficier (ambulances, services de prévention/lutte contre les incendies, ser¬vices de police de proximité…).
3 Coordonner, financer et soutenir des projets à Jérusalem-Est.
D. La dimension religieuse et culturelle de la Cité
1 Soutenir et encou¬rager le dialogue inter religieux à Jérusalem.
2 Encourager les pays arabes à reconnaître la dimension multiculturelle de Jérusalem, y compris son héritage juif et chrétien.
3 Informer les citoyens de l’UE se rendant sur place au sujet de la situation poli¬tique de la ville (par exemple, via des sites internet).
E. Renforcer le rôle de l’Union européenne
1 Améliorer la coordination locale avec les acteurs du Quartet via des contributions au processus d’élaboration des politiques et de prise de décision.
2 Organiser une présence européenne en cas de risque de démolition ou d’éviction de familles palestiniennes.
3 Organiser une présence européenne lorsque les tribunaux sont appelés à rendre un verdict dans les cas de démolition de maison ou d’éviction de familles palestiniennes.
4 Assurer une intervention européenne quand des Palestiniens sont arrêtés ou intimidés par les autorités israéliennes pour des activités politiques, culturelles ou sociales pacifiques menées à Jérusalem-Est.
5 Sensibiliser les visiteurs de haut rang au sujet de sites ou de questions sensibles. Exemple dans le premier cas : la barrière de séparation. Exemples se rapportant au second cas : les questions de logistique (choix de l’hôtel, changement de moyen de transport pour passer de l’Est à l’Ouest et vice versa), les contacts avec le Maire de Jérusalem-Est ou d’autres officiels israéliens. A ce propos, il est recommandé d’éviter de rencontrer ces officiels - tels le Ministre de la Justice israélien - dans leurs bureaux de Jérusalem-Est.
6. Partager les informations concernant les colons connus pour être violents à Jérusalem-Est et examiner s’il convient de leur permettre de se rendre dans les pays de l’Union Européenne.
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