domingo, 22 de maio de 2011

WASHINGTON S’ADAPTE MAIS RESTE SOUS EMPRISE ISRAELIENNE : OBAMA RATE LE PRINTEMPS ARABE

22 mai 2011, Association France Palestine Soliderité http://www.france-palestine.org (France)

Salem Ferdi

Barack Obama se met au «printemps».

Son discours n’est pas vraiment une rupture mais une adaptation aux changements en cours dans le monde arabe, qui ont commencé par emporter des dirigeants « amis » dont le très pesant Hosni Moubarak. Difficile de continuer à ignorer que la « rue arabe », soudainement anoblie en « peuple », n’ignore pas que les Etats-Unis ont toujours préféré les dictatures arabes aux démocraties. Les grandes appréhensions sur la « sécurité d’Israël » après la chute de Moubarak l’illustrent parfaitement.

M.Obama et son Administration semblent pressentir qu’un mouvement de fond est en train de s’opérer dans le monde et ils ont décidé – sur le plan du discours au moins – de s’y adapter. En annonçant un soutien aux mouvements pour la démocratie dans le monde arabe. Le président américain estime ainsi qu’un changement d’approche est nécessaire sinon les Etats-Unis feront face à une profonde rupture avec le monde arabe. Comment s’exprime ce changement d’approche? Il est aisé désormais de saluer les révolutions en Tunisie et en Egypte qui ont été, en dépit de toutes les tentatives de récupération, des surprises. Plutôt des « mauvaises surprises » qui contraignent l’Administration américaine à l’adaptation.

Encore que ces pays « modèles » sont loin de recevoir un soutien économique sérieux à une transition risquée. Un milliard de dollars de dette effacé et près d’un autre en crédit bon marché, l’Egypte reçoit beaucoup moins que pour sa participation à la première guerre du Golfe (7 milliards de dollars). Les Tunisiens se contenteront de félicitations et de promesses. Ensuite, viennent les admonestations. Au Syrien Bachar Al Assad, un avertissement. Il doit choisir entre « diriger la transition ou s’écarter ». Kadhafi est, lui, déjà condamné. Rien de plus facile à faire. Le président américain devient plus précautionneux quand il s’agit des régimes alliés. Au Bahreïn où la famille régnante réprime la majorité de la population (chiite) qui réclame l’égalité des droits, Barack Obama prône un « vrai dialogue ». Il a aussi rappelé que le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, devait respecter ses engagements concernant la transition du pouvoir. Pas un mot cependant sur l’Arabie Saoudite, pays essentiel dans le dispositif, peu démocratique, des Américains dans la région. Mais les opinions arabes n’attendaient pas Barack Obama sur le terrain d’un combat démocratique qui se mène depuis des décennies, sans l’appui occidental.

Mises en garde aux Palestiniens
Les professions de foi démocratiques sont d’autant plus douteuses qu’il existe une surdétermination de la politique « arabe » de l’Administration américaine par le prisme israélien. Le président américain, qui n’a plus de crédit sur la question palestinienne a tenté, en jouant sur les mots, de créer une apparence de nouveau en évoquant un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Une fausse avancée alors que sur le fond, Barack Obama ne déroge pas à la ligne de soutien total à Israël. « Le retrait complet et graduel des forces militaires israéliennes devrait être coordonné dans l’idée d’une responsabilité de la sécurité palestinienne dans un Etat souverain et non militarisé », a-t-il précisé. « Il faudra se mettre d’accord sur la durée de cette période de transition, et l’efficacité des accords de sécurité devra être démontrée ». Le souci des intérêts israéliens prédomine.

La référence aux frontières de 1967 s’accompagne d’une série de mises en garde et de critiques adressées aux Palestiniens. Comme les sionistes, Obama n’aime pas la réconciliation entre les Palestiniens et il ne dit rien sur les colonies. Il avait déjà opéré un repli sur le sujet sous la pression du lobby. Obama parle, tout comme Netanyahu, d’Etat juif et il annonce aux Palestiniens qu’il s’opposera à la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’Onu. Le mouvement des citoyens arabes que M.Obama a choisi de saluer l’attendait strictement sur la question palestinienne et le constat est clair. Le président américain a raté le printemps... en Palestine. [1]

[1] voir aussi Pierre Barbancey


APRES LES MOTS D’OBAMA, L’ATTENTE DE GESTES POLITIQUES

Le président américain s’est exprimé sur les événements au Moyen-Orient. Il se prononce pour un Etat palestinien dans les frontières de 1967 mais n’a pas un mot sur la colonisation.

Barack Obama a prononcé () un discours entièrement consacré à la politique arabe. Le premier du genre depuis son allocution au Caire, peu après son accession à la Maison-Blanche. A l’époque, il s’agissait pour le nouveau président de marquer une rupture avec son prédécesseur et tenter de donner un nouvel élan aux relations entre les Etats-Unis et le monde arabo-musulman. Dans l’ensemble, le discours, plein de bonnes intentions, avait été favorablement accueilli même si on avait relevé que l’évocation du dossier israélo-palestinien manquait de consistance. Au-delà de quelques déclarations et la nomination de George Mitchell comme envoyé spécial au Proche-Orient, aucun mécanisme nouveau n’était proposé.

Depuis, bien de l’eau a coulé sous les ponts. Et pas seulement ceux qui enjambent le Tigre et l’Euphrate. Si le discours d’Obama a été prononcé quelques semaines seulement après l’annonce de la mort d’Oussama ben Laden, il fallait aussi, pour les Etats-Unis, se positionner et être à l’initiative alors que tous les bourgeons du printemps arabe n’ont pas encore éclos. Voyant dans les soulèvements populaires au Proche-Orient une « occasion historique », il a assuré que l’avenir des Etats-Unis était lié à celui du monde arabe, en proie depuis janvier à des soulèvements sans précédent, de la Tunisie à l’Egypte ou encore au Yémen. « Les peuples se sont dressés en exigeant leurs droits fondamentaux. Deux dirigeants ont quitté le pouvoir. D’autres pourraient suivre », a-t-il dit devant un parterre de diplomates américains et étrangers, au département d’Etat à Washington.

Il s’agit pour les Etats-Unis de garder une main politique sur les évolutions en cours

Illustration de la place que Washington entend prendre, il a promis un nouveau programme d’aide spécialement destiné aux pays qui s’ouvrent aux réformes politiques, et en premier lieu la Tunisie et l’Egypte. Ce programme consistera notamment à aider ces pays à récupérer les avoirs dérobés par leurs anciens dirigeants. Il a même évoqué un rôle pour la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) de la même manière que celle-ci s’était investie dans les pays de l’est européen, après la chute du mur de Berlin. En réalité, il s’agit pour les Etats-Unis de garder une main politique sur les évolutions en cours, pour être certain que si changement géopolitique il doit y avoir, celui-ci se fasse « under control ». Car à la différence des anciens pays socialistes, les pays du Moyen-Orient sont tous de fervents adeptes du libéralisme. En la matière, il n’y a pas grand risque de basculement. En revanche, les nouveaux pouvoirs, parce que mis en place après un soulèvement populaire, pourraient s’avérer beaucoup moins dociles. C’est notamment le cas en Egypte où les relations économiques avec Israël devrait être revues dans un sens moins favorable à Tel Aviv. La décision des nouvelles autorités du Caire de rouvrir la frontière avec Gaza montre également que des changements notables sont possibles.

Dans une telle situation, Barack Obama ne pouvait pas ne rien dire sur le dossier israélo-palestinen. La récente démission de son envoyé spécial, George Mitchell, qui prend effet aujourd’hui 20 mai, marque l’échec d’une stratégie marquée par des humiliations à répétition de la part des Israéliens qui ont bien compris que Washington peut très bien céder. Obama se devait de taper du poing sur la table, au moins pour faire illusion. D’autant que se dessine une reconnaissance par l’Assemblée générale de l’Onu, en septembre, d’un État palestinien. C’est pourquoi le président américain a cru bon de souligner qu’« une paix durable passe par deux États pour deux peuples » et que « les frontières d’Israël et de la Palestine devraient être fondées sur les lignes de 1967 avec des échanges sur lesquels les deux parties seraient d’accord, afin d’établir des frontières sûres et reconnues pour les deux États. Le peuple palestinien doit avoir le droit de se gouverner lui-même et d’atteindre son plein potentiel dans un État souverain et contigu.» Mais il a également mis en garde : « Pour les Palestiniens, des efforts visant à priver Israël de sa légitimité tourneront à l’échec. Les actes symboliques destinés à isoler Israël aux Nations unies en septembre ne créeront pas un Etat indépendant », tout en réaffirmant le caractère inébranlable de l’engagement des Etats-Unis aux côtés d’Israël. Ce dont personne ne doutait!

Obama n’a pas montré qu’il entendait mettre en place une politique coercitive à l’égard d’Israël

Alors que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, est arrivé aujourd’hui aux États-Unis pour une longue visite, le discours d’Obama apparaît presque comme une insolence. C’est dire la force de l’influence israélienne sur la politique étrangère américaine. Mais au-delà des mots, il faut des actes concrets pour reprendre le chemin de véritables négociations sur le statut final. Or, en ne disant pas un mot sur la poursuite de la colonisation – Israël vient d’annoncer la construction de nouveaux logements dans les zones occupés -, en parlant d’Etat juif à propos d’Israël, Obama n’a pas montré qu’il entendait mettre en place une politique coercitive à l’égard d’un Etat peu scrupuleux du droit international et des résolutions de l’Onu. La presse israélienne peut bien parler de « confrontation » entre Barack Obama et Benjamin Netanyahou, il n’est pas certain qu’elle aille au-delà de l’invective ou de gestes d’humeurs.

(Publié le 20 mai par l’Humanité http://www.humanite.fr/20_05_2011-a... Publié par le Quotidien d’oran http://www.lequotidien-oran.com/ind...

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