6 Juillet 2011, Association France Palestine Solidarité (AFPS) http://www.france-palestine.org (France)
Erwan Manac’h - Politis
Les passagers du «Louise Michel», le bateau français de la flottille pour Gaza, ont dû rentrer en France. Un semi-échec seulement, puisque l’opération aura permis de relancer le débat autour du blocus décrété par Israël.
Les embrassades sont contenues mais chargées d’émotion, au moment de se dire au revoir. Les passagers du «Louise Michel» sont rentrés en France, mardi midi, sans avoir pu quitter le port d’Athènes. Ils devaient appareiller mercredi 29 juin avec 500 représentants d’associations citoyennes et des partis politiques de 22 pays, à bord de dix bateaux, pour escorter deux cargos d’aide humanitaire vers Gaza.
Un seul bateau, parti de Corse, a pu gagner les eaux internationales. Il se dirigeait mercredi 6 juillet au matin vers la bande de Gaza, dans une épopée plus qu’incertaine, alors que le bateau canadien a été violemment arraisonné par la marine grecque mardi 5 juillet. Les bateaux qui mouillent dans le port d’Athènes ont l’interdiction formelle de prendre la mer et une vedette de l’armée grecque est stationnée à quelques mètres de la sortie du port.
Quelques heures avant le départ prévu le 29 juin, les bateaux français et irlandais avaient déjà subi des sabotages ; puis le bateau américain a été arraisonné par l’armée grecque à quelques mètres du port, vendredi 1er juillet. Le navire a été placé zone de détention, son commandant inculpé. Depuis, le gouvernement hellène multiplie les obstacles administratifs pour empêcher le départ des bateaux.
Après dix jours d’attente dans une ambiance électrique aux côtés des « indignés » grecs, la délégation française est donc rentrée bredouille, mais pas abattue. «Nous avons choisi de garder nos forces et de rentrer, dans la perspective d’une campagne future», explique Chafik F., de «l’Alliance for freedom and dignité» (AFD), passager du «Louise Michel». Un choix de raison aussi, pour ne pas faire courir de risques inutiles au commandant grec du bateau acheté avec les fonds récoltés par la campagne «Un bateau pour Gaza». «Le cœur de notre démarche était d’envoyer un message de solidarité aux gazaouis. En ce sens, nous avons réussi», se félicite Claude Leostic, porte-parole du collectif et membre de l’Association France Palestine solidarité.
5000 tonnes de matériel sont toujours stockées sur les deux cargos et le collectif international demande qu’il soit distribué sans qu’Israël ne le contrôle. Les militants entendent aussi porter l’affaire devant les tribunaux : «Nous sommes déterminés à porter plainte contre le gouvernement grec qui a cédé aux pressions en nous interdisant de circuler, en violation de tous les traités européens, lance Alima Boumedienne-Thiery sénatrice EELV de Paris qui a pris place dans le «Louise Michel». Nos droits de citoyen ont été piétinés.»
Bataille politique
Les yeux rutilant, au retour d’une expérience «riche humainement», avec « une force d’émotion très forte », les passagers du «Louise Michel» nourrissent encore des espoirs : que le dernier bateau arrive à destination… et que les liens tissés servent à relancer la mobilisation dans un avenir proche au service, par exemple, d’une troisième flottille pour Gaza.
« Nous allons mener la bataille sur le terrain politique, explique Laurence Pache, responsable des questions internationales au Parti de Gauche, passagère elle aussi. Nos pays, l’ONU, le quartet : tout le monde s’est élevé pour défendre un blocus illégal contre la flottille, en nous disant que ce n’était pas le moyen adéquat pour soutenir les gazaouis. Alors «soit», que la communauté internationale fasse ce qu’il faut pour que les droits humains soient respectés à Gaza ».
Les passagers de la flottille se félicitent d’avoir forcé la communauté internationale à révéler sa position au grand jour. « Les responsabilités politiques ont été démontrées face au blocus de Gaza », dit Antoine Chauvel, qui représentait la Coordination universitaire pour la Palestine sur le bateau français. Ban Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU, est intervenu pour demander aux Grecs d’empêcher la flottille d’amarrer, comme Barack Obama. «Il existe un mur de silence que nous essayons de briser, raconte Chafik F. Et on s’aperçoit que la communauté internationale craint que le vrai visage d’Israël ressorte.»
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