Nabil Ennasri*, président du CMF et Pierre Stambul**, membre du Bureau national de l’ UJFP
22 juin 2011, L’Association France Palestine Solidarité http://www.france-palestine.org (France)
Malgré les condamnations des différentes organisations internationales de défense des droits humains, le gouvernement israélien ne semble pas prêt à lever un siège qui viole les dispositions du droit international humanitaire.
Le blocus israélien de Gaza dure depuis trop longtemps. Aujourd’hui, il est permis à un Etat d’asphyxier tout un territoire sans que les gouvernements du monde occidental ne s’en émeuvent. La bande de Gaza est l’endroit au monde le plus densément peuplé et certainement l’un de ceux où la population civile souffre le plus des privations en tout genre.
Malgré les condamnations des différentes organisations internationales de défense des droits humains, le gouvernement israélien ne semble pas prêt à lever un siège qui viole les dispositions du droit international humanitaire.
Le prétexte avancé par Israël pour bloquer toute livraison de vivres ou de matériel destiné à reconstruire les milliers de bâtiments endommagés suite à la funeste opération "Plomb durci" de l’hiver 2009 (dont de nombreux hôpitaux et écoles et qui s’est soldée par 1 400 morts dont 350 enfants) ne tient pas la route. Ce n’est pas avec des jouets, de la confiture ou du papier A4 que les militants du Hamas vont fabriquer des roquettes.
La politique du gouvernement de Nétanyahou est en réalité sordide. Elle vise à rendre la vie aux Gazaouïs insupportable dans l’espoir chimérique de voir la population se soulever contre le pouvoir du Hamas qu’elle a pourtant porté aux urnes de façon démocratique…
Cette stratégie de la punition collective relève du crime de guerre selon nombre d’observateurs internationaux et à certains égards du crime contre l’humanité. C’est une constante dans la politique israélienne de sévir de la manière la plus agressive à l’égard de Gaza qui a toujours constitué un problème épineux pour les gouvernements israéliens. En 1992 le premier ministre israélien Itzhak Rabin rêvait déjà de voir Gaza "sombrer dans la mer".
Face à cette impunité et au silence complice des Etats, notamment occidentaux, la société civile internationale a décidé de réagir pour exiger l’application du droit et des résolutions internationales. L’insulte de la poursuite du blocus de Gaza a ainsi amené l’an dernier des centaines de volontaires internationaux à se joindre à la première Flottille de la liberté.
Malheureusement, l’armée israélienne avait arraisonné dans les eaux internationales les cargos qui transportaient des tonnes de matériel médical et humanitaire avec au bout du compte neufs civils turcs tués et des dizaines de blessés. Gaza devait rester cette gigantesque prison à ciel ouvert et personne ne devait remettre en question l’embargo infâme qui dure depuis plus de quatre ans.
Aujourd’hui, l’élan de solidarité se poursuit et c’est en France que la mobilisation a donné des signes encourageants. L’initiative "Un bateau français pour Gaza" a été un vrai succès populaire puisque plus de 1 500 actions à travers une centaine de villes de France ont permis de récolter la somme nécessaire à l’achat d’un bateau (près de 600 000 euros récoltés à ce jour). Ce navire devra rejoindre la seconde Flottille de la liberté dans quelques jours avec à son bord des citoyens français de toutes origines décidés à exiger la levée de ce blocus infâme et à apporter l’aide humanitaire qui manque cruellement à l’étroite bande côtière.
Cette initiative non-violente, pacifique et citoyenne est un bel exemple de solidarité humaine puisqu’elle a permis à des dizaines d’organisations de défendre, au-delà de leurs appartenances partisanes, philosophiques ou religieuses, une même idée de la justice et de la dignité et d’incarner les principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité.
*Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF), et **Pierre Stambul, membre du Bureau national de l’union juive française pour la paix (UJFP).
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