2 août 2011, Association France Palestine Solidarité (AFPS) http://www.france-palestine.org (France)
Jerusalem (AFP) — Uri Avnery, figure emblématique du camp de la paix en Israël, garde l’espoir chevillé au corps à 87 ans, bien que l’ultra nationalisme ait le vent en poupe, que les perspectives d’accord avec les Palestiniens s’éloignent et que la gauche perde élection après élection.
"Je reste optimiste car je crois à la capacité de ce peuple (israélien) de changer de cap", confie Uri Avnery.
En revanche, cet octogénaire ne mâche pas ses mots contre les dirigeants politiques, dont il dénonce l’intransigeance aussi bien envers les Palestiniens que dans le domaine social.
Il décèle dans la lutte populaire contre la hausse vertigineuse des prix du logement "la naissance d’une nouvelle gauche, très différente de celle d’antan".
"Quand des gens descendent dans la rue en scandant +le peuple veut la justice sociale+, en reprenant des slogans de la place Tahrir du Caire, leur lutte va bien au-delà de la question de l’habitat", souligne-t-il, en référence aux révoltes dans le monde arabe.
Peu importe, selon lui, que ce mouvement ne lie pas la lutte sociale à celle pour la paix : "en fin de compte, il y viendra, car nous dilapidons des sommes astronomiques pour entretenir la machine de guerre et la colonisation".
Dès le lendemain de la première guerre israélo-arabe de 1948, ce journaliste a fait campagne pour la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Si plus de six décennies plus tard, cet Etat n’a toujours pas vu le jour, M. Avnery n’estime pas pour autant avoir prêché dans le désert.
"Nous n’étions pas plus de cent à travers le monde en 1949 à promouvoir cette idée. Aujourd’hui, le monde entier la soutient et c’est même le cas de la majorité des Israéliens".
Dans ce contexte, il souhaite ardemment une reconnaissance en septembre de l’ONU sous une forme ou une autre d’un Etat palestinien.
Il juge "capital un soutien de la France" et plus largement de l’Europe à cette initiative, quand bien même "elle buttera sur un veto américain au Conseil de sécurité".
Il refuse de voir dans la colonisation juive "un fait accompli irréversible" et se dit convaincu que l’immense majorité des Israéliens optera pour le démantèlement des colonies en échange d’une "paix véritable", malgré l’implantation de plus d’un demi-million d’Israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Cultivant le paradoxe, ce militant de la paix, qui se définit comme "post-sioniste", est un patriote israélien, qui a longtemps éprouvé un véritable amour envers l’armée israélienne.
Mais, souligne-t-il, "c’était quand Tsahal était une armée du peuple qui n’avait pas été corrompue par l’occupation". Aujourd’hui il s’inquiète de la montée en puissance au sein du corps des officiers "de nationalistes religieux qui prennent leurs ordres de rabbins".
Il est atterré par les changements qui se sont produits dans la société israélienne : "l’ultra capitalisme régnant, le pouvoir concentré dans 20 familles, des services publics (santé et éducation) qui se dégradent".
Né en 1923 en Allemagne, Uri Avnery a immigré à l’âge de dix ans en Palestine avec sa famille, fuyant le nazisme.
En 1950, il fonde un hebdomadaire indépendant Haolam Hazeh, dont il sera le rédacteur durant quarante ans. Ce journal anti-conformisme, seul à l’époque à ne pas être organe d’un parti, aura une influence considérable sur la presse israélienne.
En 1969, il est élu à la Knesset sur une liste indépendante. Il y siègera huit ans. En 1982, il fait scandale en rencontrant le chef historique palestinien Yasser Arafat, à Beyrouth, assiégé par l’armée israélienne.
Dans sa jeunesse, il a appartenu à l’Irgoun, organisation clandestine de droite qui menait à coups de bombes la lutte contre les Britanniques et les Arabes.
Il ne regrette rien : "Je luttais pour la liberté de mon peuple contre l’occupant britannique. Pour les mêmes motifs, j’ai toujours pensé que les Palestiniens ont droit à leur indépendance".
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