2 août 2011, Association France Palestine Solidarité (AFPS) http://www.france-palestine.org (France)
Jean-Claude Lefort, président de l’AFPS
La chose est désormais certaine : en septembre prochain les Palestiniens demanderont à être accueillis comme 194ème nouvel Etat au sein de l’ONU – un Etat aux frontières claires et indiscutables, celles de 1967, et donc pour capitale Jérusalem-Est.
Cette perspective n’est pas une fausse fenêtre. Elle constitue une issue effective pour sortir des fausses négociations d’hier et de leur blocage total d’aujourd’hui. Ces discussions jamais abouties buttent en particulier sur ce problème : celui des frontières du futur Etat palestinien. En accueillant la Palestine sur la base des frontières édictées par le droit international cela clarifiera de manière nette ces paramètres essentiels d’un accord de paix – toujours évoqué mais jamais réalisé depuis plus de 30 ans – et cela répondra enfin concrètement et effectivement à cette question posée depuis 1947 : les Palestiniens ont droit à un Etat. C’est une exigence fondamentale. Il y aura ainsi à l’ONU deux Etats à égalité : la Palestine et Israël.
Conforme à la justice, à la sécurité de chacun et au droit international, cette perspective d’un Etat palestinien sur ces bases a toujours été récusée par les dirigeants israéliens, sauf à un trop bref moment. Et aujourd’hui c’est encore pire. Le refus israélien est net, indiscutable, hautain.
C’est de ce côté-là, et uniquement de ce côté-là, que viennent les obstacles et que se trouvent les causes l’aggravation de la situation, inclus sociale. Mais du même coup, du fait de la colonisation israélienne débridée, plus le temps passe et moins cette perspective devient crédible. Et derrière cette absence de solution basée sur le droit et la justice il y a plus qu’un grand « trou noir » non seulement pour les Palestiniens mais aussi pour Israël. Netanyahu conduit son pays à l’abîme car le « chemin » qu’il préconise ne débouche sur rien d’autres que de dangereuses chimères. Les derniers propos qu’il a tenus, à propos de discussions possibles sur la base des propositions d’Obama (1967), montrent son isolement mais aussi la pertinence de ce combat pour la reconnaissance de la Palestine à l’ONU car personne ne peut croire qu’il veut las paix en continuant sur le terrain une colonisation forcenée.
Dans ces conditions, ceux qui se refusent à indiquer aujourd’hui clairement qu’ils voteront pour l’admission de l’Etat palestinien à l’ONU non seulement sont véritablement inconséquents vis-à-vis des Palestiniens mais ils le sont aussi vis-à-vis des Israéliens. Ce sont véritablement des irresponsables eu égard les devoirs impérieux que leur confère la Charte des Nations unies, et cela vaut spécialement pour les membres permanents du Conseil de sécurité.
On entend certains d’entre eux, dans les pays occidentaux, « expliquer » gravement que cette reconnaissance viendrait compliquer les choses pour un accord de paix qu’ils disent privilégier. Mais de qui se moquent-ils ? Depuis le temps, depuis leur « Feuille de route » et autres « discussions » en tous genres, où est-il donc cet accord de paix promis, programmé noir sur blanc ? Nulle part, et non seulement mais, tout comme l’horizon, plus on avance dans le temps et plus il s’éloigne. Les choses sont clairement acquises : les dirigeants israéliens n’entendent pas respecter le droit international. Dès lors aucun accord n’est possible. Et certainement pas à un « accord à deux » laissant les deux parties en tête à tête.
Depuis plus de 40 ans, l’occupation israélienne multiplie les morts, les destructions, les humiliations, les haines. 40 ans que cela dure. Et si l’ONU parle elle n’agit pas. Or c’est précisément son rôle que d’agir quand un conflit ne trouve pas de débouchés dans un dialogue de paix entre les parties en présence.
C’est précisément pour cela qu’on a créé l’ONU : pour en finir une fois pour toute avec les guerres, qu’elles soient locales ou plus larges. Et partout où des situations de guerre ont existé partout l’ONU est intervenue. Sauf dans un endroit : au Proche-Orient.
Le moment a sonné de mettre chaque dirigeant de la planète, en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, devant leurs responsabilités. Et si l’idée existe qu’un de ceux-ci poserait son veto à cette admission, alors il faut qu’un rapport de force non discutable, immense en vérité, le contraigne à l’acte qu’il refuserait. D’une façon ou d’une autre.
C’est pourquoi l’heure n’est pas à se perdre en conjectures sur les scénarii qui peuvent se produire en septembre prochain où la question de l’admission de la Palestine à l’ONU sera posée. L’heure est à la mobilisation pour qu’un plus grand nombre de pays possibles annoncent et déclarent vouloir reconnaître et admettre l’Etat palestinien en septembre à l’ONU.
De ce point de vue la position que prendra l’Union européenne est décisive. Elle est même stratégique. Que va-t-elle faire ? Nous n’en savons encore rien.
Il convient donc que les autorités de notre pays déclarent hautement et sans perdre plus de temps qu’il votera en faveur de cette admission de la Palestine à l’ONU et que notre pays, la France, soit avec tous les alliés possibles à la pointe des efforts à produire pour entraîner l’ensemble européen sur cette voie.
Notre « Feuille de route » est donc claire : agir pour que la France dise sans plus tarder qu’elle votera à l’ONU pour que la Palestine en devienne membre en septembre prochain ; agir pour que notre pays prenne la tête, avec ses alliés potentiels, pour que l’Union européenne adopte la même position.
Il n’y a pas de troisième voie possible pour que la paix puisse se frayer enfin un chemin au Proche-Orient. Il est temps. Plus que temps. C’est comme une dernière chance. Pour les Palestiniens. Et pour les Israéliens. Les vrais amis des uns et des autres devraient y songer. Et surtout agir en ce sens pour qu’une chance soit enfin donnée à la paix.
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